11/10/2007
Une nouvelle chanson de Michel Bühler
Années Trente
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N'avez-vous pas de mémoire
Revoici les années noires
Qui montrent leur nez pas bien loin
Revoici les années trente
Ou alors leurs descendantes
Fringuées chic, présentant bien
"Ein Volk ein Reich ein Führer"
Un gros Duce en fureur
Voilà c' qu' était en chemin
Aujourd'hui ce qui s'avance
C'est la même pestilence
Et vous ne dites rien...
*
N'entr' voyez-vous pas derrière
La propagande grossière
Et les slogans assénés
Derrière l'homme providentiel
Quasiment tombé du ciel
Juste à point pour nous sauver
Comme l'ombre comme l'image
Grisâtre vieillie par l'âge
D' la barbarie du passé
Même racisme mêmes brutes
Même vertige même chute
Et vous restez muets...
*
N'ont-t-elles rien qui vous débecte
Ces publicités infectes
Qui maculent nos journaux
Et c' parti valet des riches
Qui s' prétend sur ses affiches
Doux et blanc comme l'agneau
Qui déterre des peurs anciennes
Pour appeler à la haine
Sur fond d'Alpe et de drapeaux
Tandis que son chef ricane
Et triomphe et se pavane
Bon Dieu mais qu'est-ce qu'il vous faut?
*
N' voyez-vous pas l'évidence
Les provoc's et la violence
Qui montent dans ce pays
Où sans honte les cyniques
Arrivistes politiques
S'inclinent ou bien se rallient
Où des lâches sans honneur
Prépar'nt le lit de l'horreur
En se pensant à l'abri
Quel tocsin faut-il sonner
Combien d'cris désespérés
Faudra-t-il lancer ici
*
Quel tocsin faut-il sonner
Combien d'cris faut-il lancer
Putain! Pour vous réveiller?
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Michel Bühler
L'Auberson, 11. 10. 07
14:49 Publié dans La vie des mots | Lien permanent | Commentaires (34)
14/09/2007
Retour du mouton à la politique
Voilà bien un animal au comportement plutôt discret, au caractère traditionnellement inoffensif, et que les citadins croyaient relégué dans sa survivance rurale, son enclos de Sauvabelin (s’il est laineux) ou dans les imageries médiévales.
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Or l’image du mouton revient en force au cœur des cités modernes. Il s’est politisé, et on lui a inculqué le réflexe incongru de la ruade – qui jusque-là était l’apanage des chevaux… Et sa symbolique est devenue si forte qu’elle contamine maintenant certains idiotismes du langage courant en leur donnant une coloration nouvelle.
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La locution «revenons à nos moutons» (revenons à notre sujet de conversation), par exemple, risque d’être diversement interprétée suivant les auditoires. Le plus piquant est son origine : elle est tirée d’une farce très célèbre du XVe siècle, celle de Maître Pathelin, où il est question de vol, de duperie et de mauvaise justice…
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La petite comédie raconte les mésaventures d’un drapier, volé de 26 moutons par son berger et de six aunes de drap par un marchand. Il porte plainte contre le berger et se retrouve devant le juge ; préoccupé par ces deux vols au point de les confondre sans cesse, il s’entend répliquer par le juge à chaque envolée sur les aunes de drap : Et si nous revenions à nos moutons ? »
09:23 Publié dans La vie des mots | Lien permanent | Commentaires (13)
22/08/2007
La mousseline, toile fine d'Irak
Elle traversa les Alpes au lendemain des Croisades sous le nom de mosulin, qui ne fut féminisé qu’au milieu du XVIIe siècle pour devenir la mousseline des couturiers. Puis, par analogie, une purée de pomme de terre fouettée, délicate et soyeuse.
Mais je reviens au tissu: la mousseline a été diversement traitée pour prendre le nom de tarlatane, qui est une étoffe très peu serrée et chargée d’apprêts. Ou aussi de singalette: encore plus apprêtée, cette variante est utilisée pour la fabrication des patrons en couture.
D’où vient singalette? De Saint-Gall, évidemment, autre royaume du textile raffiné…
La ville de Mossoul existe toujours – en arabe al-Mawṣil. Elle est même la deuxième ville d’Irak en termes de population (1, 5 millions d’habitants). Située à 350 km au nord de Bagdad, elle est restée spécialisée dans l’industrie textile.
Elle est également le principal marché agricole du pays, elle conserve des vestiges historiques fascinants (Mossoul est l’ancienne Ninive…) mais c’est surtout pour ses importants gisements pétrolifères que les occupants américains la protègent, depuis mars 2003, comme la prunelle de leurs yeux.
Leur présence étant indésirable, les troupes étasuniennes ouvrirent le feu le mois suivant sur des manifestants autochtones. Les deux fils de Saddam Hussein y furent tués en juillet de la même année.
09:45 Publié dans La vie des mots | Lien permanent | Commentaires (5)